DROITS D'AUTEUR

Je suis auteur. Avant tout par passion. Mais c'est aussi une activité contraignante. Un travail. Un job. Qu'est-ce que c'est que cette histoire que de prétendre que les droits d'auteur devraient être supprimés ! Qu'il faille revoir le mode de perception, que les stars de ce business soient trop avantagés, d'accord. Moi je suis pour la suppression des droits d'auteur le jour où on supprime carrément cette saloperie de fric dans la Société. En attendant...
Dans ma production, il y a énormément de pièces pour enfants. Elles sont jouées par des centaines, voire des milliers, de troupes chaque année. Quelques unes ont l'honnêteté de payer des droits. Personnellement, je n'ai jamais dénoncé celles - 90 pour cent !- qui ne payaient pas. Je perds ainsi des sommes importantes. Ma satisfaction est ailleurs : contribuer à apporter l'expression théâtrale à des mômes. Mais je n'en pense pas moins. Régulièrement des enseignants me contactent pour me demander l'autorisation de jouer à l'oeil. Je me garde bien évidemment de leur répondre par l'affirmative. Je les mets face à leurs responsabilités. Demandent-ils au boulanger de fournir gratuitement le pain du goûter qu'ils organisent avec leurs élèves ?
La reconnaissance du droit d'auteur va aussi de pair avec celle du droit moral.
J'ajoute que je reçois pour le théâtre d'enfants des droits très intéressants du Canada... tout simplement parce que là-bas l'Education a un vrai budget pour le théâtre à l'école.
On n'en finirait pas d'épiloguer sur ce vaste sujet. Bravo en tout cas à ceux qui ont impulsé un tel échange sur ce thème qui ne doit pas être tabou.
Yves

Pour rebondir sur le message d'Yves, je voudrais attirer votre attention sur la nature de ceux qui montent nos textes.
Je précise en préambule que je ne cherche pas à justifier ou excuser le manquement à la règle du paiement des droits d'auteurs. J'apport juste un éclairage.

Les troupes qui montent les textes du site sont des troupes amateurs. Les pros ont leur propre réseau pour trouver des textes et dans le théâtre contemporain, ils cherchent à créer des inédits. Pas des textes à disposition de tout le monde et déjà joués par des amateurs.
J'en veux pour preuve des éléments issus des représentations inscrites sur le site. Ces représentations sont inscrites par les auteurs et/ou les troupes elles-mêmes. Il n'y pas pas de raison de croire que ce soit complètement faux. En revanche c'est certainement incomplet, mais je pense cela n'a pas vraiment d'impact sur les proportions.
Parmi ces représentations 67% ne sont jouées qu'une seule fois et 6% sont jouées entre 2 et 6 fois.

Quand ces représentations sont gratuites (pour les spectacles des ateliers et pour les enfants c'est généralement le cas), les troupes considèrent qu'elles n'ont pas à payer les droits. Sans doute aussi que pour une représentation dans l'année, elles ne prennent pas la peine de faire l'effort.

Pour ce qui est des sketches, je pense que c'est encore pire. Personne ne doit prendre la peine de faire la liste des auteurs joués dans le spectacle avec le titre de chaque texte.

Les troupes amateurs sont contraintes par la distribution, donc la meilleure pièce du monde qui serait pour 8 hommes et 2 femmes n'aurait pratiquement aucune chance d'être jouée par des troupes amateurs qui sont composées à 80% de femmes et 20% d'hommes.

Quant au travail de fourmi de la SACD... Si je prends mon exemple, le représentant de la SACD/SACEM à Toulouse couvre la Haute-Garonne et l'Ariège. Donc il faut qu'il épluche 5 éditions quotidiennes différentes de La Dépêche du Midi à la recherche des annonces de spectacles. Ces articles faits par les représentants locaux sur la base des informations données par les troupes ou les MJC, Centre Culturels... indiquent parfois le titre de la pièce mais citent rarement l'auteur. J'imagine bien que cela est difficile de traquer le fraudeur. Surtout que l'on parle là de quelques dizaines d'euros par ci, par là. Evidemment, pour les auteurs 10 euros plus 10 euros, à la fin ça finit par faire une somme.

A contrario, il y a des auteurs très joués par les amateurs, comme Jean-Paul Alègre, EM Schmidt, JP Grumberg (3 auteurs vivants les plus joués par les troupes adhérentes à la FNCTA) qui du fait de leur notoriété ne doivent pas échapper à la vigilance de la SACD.

Je crains que les inconnus comme nous, qui ne sont joués que par des amateurs ne puissent compter que sur la bonne volonté et l'honnêteté des troupes, des metteurs en scène et des structures de représentation.
C'est pas gagné.

Pascal MARTIN, beaucoup téléchargé, beaucoup moins déclaré.

Tout pareil !!!!!!!!!!

Ben dis donc, moi aussi, tout pareil que lui !

Mais est-ce une bonne raison pour baisser les bras ? J'adore écrire et j'adore me battre et ni l'un ni l'autre ne sont incompatibles.

j'irai même un peu plus loin : si on ne le fait pas pour nous, faisons-le pour les autres (les autres étant bien entendu ceux qui ne se sont pas encore aperçus qu'ils fraudaient "malencontreusement") ! ! ! mdr

je rejoins le concert de louange concernant le message pascal, rien a ajouter, sauf que , en ce qui me concerne, en touraine, il y a une édition et une seule du canard local, et que el correspondant sacd doit pas être abonné... ou pas avoir le temps de le lire....!!!
faut dire aussi ce qui est il y a un certain nombre de correspondant qui sont des papes, et qui vivent une véritables sinécure:!!

Personnellement, il m'arrive d'aller sur internet à la pêche aux représentations... Je tape mon nom, et, de temps à autre, je découvre une compagnie qui joue mes pièces. Mais celles-ci sont rares... du moins à se déclarer.

Je crois savoir que quelques unes de mes œuvrettes sont très souvent jouées (vu le nombre de téléchargements, et aussi les demandes directes que me font les compagnies), mais je constate que le paiement des droits d'auteur est plus que dérisoire !

Si je préviens les compagnies qui me contactent que je suis sociétaire de la SACD et qu'elles devront se mettre à jour avec cet organisme, je ne vais pourtant jamais réclamer de droits aux compagnies qui ne se sont pas signalées... Ce boulot de recouvrement, je le laisse à la SACD qui devrait (en principe) être rémunérée pour ça (je crois savoir qu'ils consacrent surtout notre argent à payer grassement leurs administrateurs)...

Et puis, franchement, je crois bien que je n'ai pas envie de me montrer pingre auprès de joyeux amateurs, qui sont avant tout des passionnés et qui gagnent à peine, lors d'une représentation, pour s'offrir un gueuleton !

Tant pis pour moi, je sais... mais bah !

Globalement, tout pareil.

René STAMEGNA a écrit:(je crois savoir qu'ils consacrent surtout notre argent à payer grassement leurs administrateurs)...

Ah ! Ouais ????
Je vais me présenter au poste, alors !!

René STAMEGNA a écrit:Et puis, franchement, je crois bien que je n'ai pas envie de me montrer pingre auprès de joyeux amateurs, qui sont avant tout des passionnés et qui gagnent à peine, lors d'une représentation, pour s'offrir un gueuleton !

Légalement, ils n'ont pas le droit de se payer un gueuleton de fin de pièce...
Je suis partiellement comme toi sur ce coup : ce n'est pas se montrer pingre, c'est suivre les règles du jeu qui sont ce qu'elles sont. On joue, on paye. Si on commence à laisser passer ici ou là, alors on laisse passer pour tout le monde...
De là, je ne suis jamais contre les troupes qui monnayent auprès de la SACD, là, je ne gère plus, moi...

C'est vrai. Il faudrait être inflexible et ne rien laisser passer.

Mais ma position (inconfortable) est due au véritable scandale que constituent le monopole total et l'inefficacité chronique de la SACD. Due aussi à ces rapports de la Cour des Comptes qui révèlent les salaires mirobolants des dirigeants de tous ces organismes de recouvrements et de "défense" de droits d'auteur. Voir ici ou encore ici

Et nous voyons bien que seules quelques miettes sont réservées aux auteurs... une fois déduits les frais de paperasserie, de personnel, de fabrication et de diffusion de bulletins sur papier glacé, de défraiements pour les administrateurs, et les coûts d'organisation de colloques et de commissions (et de sous-commissions)... En fait je ne suis pas sûr qu'un dixième des recouvrements aille finalement dans la poche de ceux qui les génèrent (c'est à dire les auteurs) !

Comment alors avoir le courage d'aller relancer une petit compagnie qui n'a pas versé sa quotte-part ?

René STAMEGNA a écrit:Voir ici ou encore ici

Mmmm...
A vérifier sur d'autres sources...
Le point semble principalement parler de la SACEM (pas une remarque sur la SACD dans les 192 commentaires) quant au second, ils semblent dire que la SACD est bonne élève :

"Concernant la SACEM, les cinq plus élevées atteignent, en moyenne, 364 000 euros. (...) Il est en effet curieux de constater que ces cinq rémunérations sont très supérieures aux autres, de l’ordre du double de celles relevées à la SACD, même si celle-ci compte moins d’ayants droit."

"Nos remarques sont destinées à assurer l’information indispensable et à suggérer d’éventuelles rectifications. La plupart des sociétés, en particulier la SACD, en reconnaissent l’intérêt et en font bon usage. "

Ajoutons à cela que sur les droits versés à la SACD, 87% reviennent à l'auteur (ce qui me semble loin d'être le cas à la SACEM) et je trouve qu'on est dans une maison qui se gère pas si mal...

J'ai ma pièce "Au plus noir d'une nuit terrible" qui a été jouée lors d'un festival dans la région de Toulouse : http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/27/1092059-castelginest-le-festival-du-venerdi-debute-ce-soir.html

Et qui va être jouée à la fin du mois : http://www.altigone.fr/details.php?id=293

Ça aurait pu être bien si j'avais été prévenu (je l'ai appris par hasard sur le Net) et si les démarches auprès de la SACD avaient été faites. Les représentations sont payantes cette fois contrairement à des mésaventures similaires avec des ateliers-théâtre. J'ai prévenu la SACD à défaut de trouver les coordonnées de la troupe et ils vont faire le nécessaire.
Bref, ça va s'arranger mais c'est un peu dommage qu'au Canada, ils jouent le jeu et qu'en France à quelques départements du mien, ils jouent les hors-la loi au détriment de l'auteur.

Bonjour Yves, tout comme vous, l'écriture reste ma passion première, pas un jour passe sans qu'un crayon ne soit entre mes doigts. Pour les droits d'auteur, je n'ai pas encore le bonheur de vivre ceci mais espère que celui-ci arrivera, que je puisse partager mes opinions avec vous tous. Cordialement. Pat

Bah moi, j'ai déjà prévenu la SACD une fois ou deux (qui m'a dit pour une fois qu'elle voulait bien relancer mais 8 ans pour une mairie, ça va être très difficile, voire inutile) et pour la ou les autres fois, je crois que je n'ai pas de nouvelles...